des grands Korrigans

des grands Korrigans Fila Brasileiro

Fila Brasileiro

Choisir un Fila Brasileiro pour la chasse

 


  Même si des siècles de sélection ont fait du Fila un chien de chasse, de pistage, de bétail et de protection, en même temps ou en fonction des besoins, le Fila actuel a, essentiellement, été sélectionné pour la protection ou la garde de propriété. Et encore, nous pensons que, l’effet de mode aidant, celui-ci est essentiellement sélectionné en fonction des caractères dit de beauté.


  Seuls des utilisateurs, peu nombreux mais présent dans de nombreux pays au monde, choisissent le Fila pour ses autres qualités, notamment son instinct de chasseur.


  De ce fait, certaines lignées ou certains spécimens ont perdu cet instinct de chasse (et de pistage) qui figure pourtant dans le standard. En rappelant que les qualités de travail mettent du temps à s’acquérir. D’autant qu’outre l’instinct, il faut mettre l’accent sur la sélection des aptitudes physiques.


  Ce qui veut dire qu’un spécimen, issu d’une lignée qui n’a pas été exclusivement dédiée au travail, peut s’avérer, malgré l’apprentissage, inapte à l’utilisation. En ajoutant qu’il faut, de toute manière, croiser les lignées de beauté et de travail de telle sorte que les spécimens demeurent dans le standard y compris dans les aptitudes au travail.


Que dire d’un superbe chien, au caractère typique (de garde et de protection), totalement inapte à un travail quelconque alors que le standard prévoit des aptitudes….. A quand un beau poisson ne sachant plus nager…

  Tant qu’il n’y a pas de sélection dans l’hyper type, je crois qu’on peut dire que le standard du Fila est globalement suffisamment bien fait pour accueillir des variétés  beauté/travail qui restent dans le standard. Le standard s’étant fondé et sur la morphologie constatée du Fila et sur ses aptitudes (qui, d’ailleurs ont conduit à la morphologie particulière de celui-ci). Espérons que l’effet de mode n’aille pas dans l’hyper type qui ne permettra alors plus l’utilisation du Fila Brasileiro qui deviendra alors un chien de compagnie comme le Yorkshire et le Labrador…Et, vu son format, on risque d’obtenir des sujets handicapés. Oui l’hyper type s’obtient presque exclusivement par la consanguinité. On aura des chiens lourds, de la peau partout, des museaux courts et des chiens qui auront un mal fou (j’allais dire -- de chien) à courir. Est-ce déjà le cas pour une partie du cheptel ? Est-ce prévisible dans un avenir proche ? Quelques éleveurs (non un seul) peuvent, aussi, grâce à quelques juges, « sauver » de ces excès ou futurs excès, la race du Fila Brasileiro en France. J’ajouterais : ayons recours mais parcimonieusement au line breeding.


 


  Il n’est donc pas inutile de traiter le sujet, de manière didactique par le début… à savoir choisir son Fila pour la chasse.


 


On peut, à cette occasion, se poser deux questions.


La première pourquoi, justement, un fila ?


La seconde, comment le choisir ?


 



 

Pourquoi choisir un Fila Brasileiro pour la chasse ?

  Nous resterons, ici, dans le strict cadre du Fila Brasileiro à la chasse, sans aborder le sujet de l’utilité de cette activité, reconnue par le standard, pour la race.


En deux mots seulement, il serait peut-être utile pour la race qu’un ou plusieurs brevets d’utilité, au choix du propriétaire du chien (pistage, chasse, protection, garde, travail sur le bétail…), soit rendu obligatoire pour concourir au titre de champion de beauté.


Afin de ne pas perdre les qualités de la race et pérenniser sa présence dans les divers pays d’expansion.


Comme un débouché à la vente et à la sélection par accroissement du nombre de spécimens et de ce fait favoriser la diversité génétique (qui, naturellement, devrait profiter de l’augmentation des naissances) et par la nécessité d’éviter le délit de faciès (confer la réglementation sur les chiens dangereux).






Pourquoi utiliser un Fila Brasileiro à la chasse alors qu’il existe de nombreuse races ayant cette spécialité unique.

Une première approche, face aux détracteurs qui veulent un chien tel qu’il l’imagine et non tel qu’il est, serait de dire, en première réaction : pourquoi pas…


 


C’est d’ailleurs, un peu, ma première démarche.


J’ai toujours aimé les dogues et j’ai élevé des Mâtin Napolitains. Ma mère, lorsque j’étais enfant, élevait des chiens de chasse. A vingt ans, j’ai eu ma première mâtine.


Pour les besoin de la chasse, mon sport favori, j’ai possédé différents chiens de chasse et j’ai eu l’occasion de voir de nombreux chiens de chasse au travail dans les différentes battues dans lesquels j’ai chassé.


J’ai constaté, ce que je développe plus loin, une certaine inadaptation des chiens de chasse aux modes de chasse actuels. Les meutes sont de plus en plus hétéroclites, les piqueurs tentant de palier les faiblesses de chaque type de chien. Insatisfaits, les piqueurs changent souvent de race suivant un effet de mode.


Ce sont des signes qui ne trompent pas.


Nostalgique des molosses, j’ai cherché parmi ceux-ci la race qui pouvait convenir en tenant compte du territoire montagneux.


J’ai pris beaucoup de temps et, à l’issue de ma réflexion, il restait deux races qui s’imposaient: le classique chien de Saint-Hubert ( qui n’est pas un dogue !) et le Fila Brasileiro.


Le chien de Saint-Hubert était le plus évident, même s’il n’a pas le caractère « molosse ».


Nous avions sur lui de précieux renseignements concernant la chasse. Aussi, je me suis mis en quête d’un chiot tout en cherchant de la documentation sur le Fila Brasileiro à la chasse.


Le faible nombre de naissances annuel de chiots de Saint-Hubert et le nombre restreint d’éleveurs ne rendaient pas ma quête aisée.


D’autant que j’étais « exigeant », je cherchais une lignée de chasse….


Las, j’appris que le chien de Saint-Hubert était devenu, dans notre pays,  presque exclusivement un chien de compagnie. Le brevet de chasse, imposé aux récipiendaires au titre de champion de beauté, n’était délivré qu’à peu de spécimens (beaucoup d’échec, cfr. les résultats des deux dernières années). En analysant les conditions d’obtention du fameux brevet, je m’aperçus que celui-ci  n’était pourtant pas d’une difficulté insurmontable pour des chiens de trois à cinq ans ( pour ne pas dire facile… des chiens levant seulement un sanglier et le poursuivant un petit peu a le brevet. Le tout se déroulant en parc fermé). Donc retour approfondi sur le Fila Brasileiro. Après bien des recherches, je vis, sur le net, qu’une personne chassait avec des Filas. Je pris contact avec lui. Celui-ci me dirigea vers l’éleveur qui lui avait fourni ses deux chiens. Je pris contact avec l’éleveur et le visita. Celui-ci n’avait qu’un jeune mâle de six mois à me proposer. Ce mâle avait un défaut d’angulation et d’aplombs arrières, je le trouvais timide et non « fouineur », un peu apathique.  D’autres recherches me conduisirent vers un éleveur professionnel de Beagles. Celui-ci possède des parcs à sanglier (entraînement des chiens) et dresse les divers chiens de chasse courant ou d’arrêt. Il ne chasse le sanglier qu’avec les Filas et en produit de temps en temps. Je réservai un chiot mâle à choisir en fonction de ses apparentes qualités de chasseur. L’éleveur me livra ainsi mon premier Fila pour la chasse. 


 


  Pour revenir à la question pourquoi un Fila pour la chasse, et plus sérieusement, on pourrait répondre : parce que le standard le précise et qu’il serait dommage de perdre cette qualité, comme il serait dommage qu’il perde certaines de ses qualités physiques qui y sont associées.


En fait, un constat s’impose à nous. Après avoir abandonné, dans le passé, les limiers lourds et lents, pour leur préférer des chiens rapides (chasse à courre et en plaine sur de vastes étendues), un retour vers ces chiens lents devient indispensable à défaut de créer d’autres races ou de « produire » des chiens non L.O.F (briquets).


Comme « les limiers performants », nécessairement lents, susceptibles de poursuivre le gibier levé, sont rares, il ne serait pas cohérent d’abandonner leur sélection dans une finalité de travail.


  Mis à part le chien de Saint-Hubert et le Fila Brasileiro (peut-être, le Majestic Tree Hound américain, non encore reconnu par la FCI, à ma connaissance), nous n’en voyons pas d’autres.


En résumé, le Fila Brasileiro (avec son homologue le chien de Saint-Hubert) est plus qu’utile pour les modes de chasse actuels par rapport aux autres chiens de chasse, dans le rôle qui lui correspond : la chasse en battue (collective) ou la chasse individuelle.


 


  Du fait et des changements de mode de chasse et de l’inadaptation partielle des chiens de chasse existants actuellement, ces deux limiers deviennent indispensables en battue.



 

Les nouveaux modes de chasse

-   La chasse à l’épieux ou à la dague rencontre quelques adeptes. Les chiens employés doivent être muets et capables de rechercher le gibier au nez et d’être suffisamment forts pour affronter le grand gibier. Même si le Dogue Argentin semble satisfaire un grand nombre de chasseurs pratiquant ce mode de chasse, le Fila Brasileiro devrait rendre de grands services dans ce domaine. Je connais un des chasseurs français utilisant le Fila Brasileiro pour ce genre de sport. Aux U.S.A., il est, également, utilisé pour cette pratique.


 


  Peu de chiens ont les qualités requises pour ce mode de chasse (en parlant, bien sûr de chien L.O.F.). Et en considérant les facultés de flair requises pour repérer et approcher le gibier depuis des distances importantes.


 


-   La battue silencieuse, apparue il y a peu, qui consiste à utiliser des chiens « courants », de pied, qui ne donnent pas de la voix (sur la voie…) et qui permettent de rabattre, avec le moins de bruit possible et pas trop rapidement, le gibier vers les postés afin que ceux-ci puissent et identifier correctement l’animal à prélever et assurer un tir « propre » et sans danger.


 


Cela semble être l’expression moderne ou future de la battue.


Assurer, par la sélection des animaux à prélever selon les classes d’âge ou l’état du gibier, la gestion du grand gibier.


Assurer une identification formelle du gibier, permettre un tir « propre », c’est-à-dire sans échec et surtout sans blesser l’animal, est extrêmement difficile, lorsque l’animal, poussé par des chiens rapides et hurleurs, franchit la ligne de tir du chasseur posté comme …une balle de fusil…


Dans ces conditions, la sécurité des autres chasseurs, des chiens et des promeneurs, ne peut, non plus, être assurée de manière optimale.


Si l’on ajoute à cela un territoire « fermé » par la végétation et donc avec une visibilité faible, le danger n’est pas loin.


Dans ce mode de chasse en battue d’avenir, le Fila Brasileiro, autant que le Saint-Hubert, a un rôle primordial à jouer (le chien de Saint-Hubert, lui, n’est pas muet sur la voie, sauf, éventuellement, avec un dressage de limier).



 

L’inadaptation partielle des chiens de chasse

Le constat de l’évolution des modes de chasse traditionnels et l’inadaptation partielle des chiens de chasse issus des sélections passées.


 


-   Dans nos meutes, des chiens complémentaires tentent de « compenser » les faiblesses de chaque type de chiens de chasse habituellement utilisés.


 


L’interdiction du lévrier à la chasse (qui est traditionnellement muet, mais va vite et manque, bien souvent, de flair) conduit les chasseurs à choisir parmi les chiens existants et traditionnellement utilisés dans les chasses (nous ne retiendrons, ici, que les chiens L.O.F.).


Parmi ces chiens il y a pléthore de races.


On peut schématiquement les distinguer en deux catégories : les chiens dit courts qui lèvent le gibier « quand ils ont le nez dessus », après une quête plus ou moins grande, et les chiens courants ou de pied qui ont davantage de flair et se récrient (hurlent). Cependant, que ce soit un chien d’arrêt reconverti à la battue ou un chien de type terrier, les chiens courts ne suivent pas le gibier levé et, en montagne, il faut un rabatteur particulièrement sportif. Pour les chiens de la deuxième catégorie, leur vitesse et leur récris les prédisposent à de très grands territoires de chasse (dans notre région, en moyenne, au moins quatre fois le territoire moyen des battues) ou à la chasse à courre pour lesquels ils ont été, un jour, sélectionnés à partir, notamment des limiers lourds (le Saint-Hubert).


 


-   En France et en Europe de nouvelles races permettant l’adaptation au terrain ou au mode de chasse ne voient pas le jour, contrairement à certains pays (confer, notamment, les créations de nouvelles races de chien de chasse, répondant aux besoins, aux Etats Unis d’Amérique).


-   En dehors de ces créations de races nouvelles, il y a prolifération de bâtards, de briquets.


Ceux-ci sont mieux adaptés aux modes de chasse et aux territoires pour lesquels on les a « créés ». L’inconvénient, c’est la lenteur d’émergence d’un type et des qualités requises et recherchées. Il est difficile d’assurer un suivi et une pérennité des qualités sélectionnées sur des témoignages ou des essais sans programme.


 


  Si l’on recherche, pour ces briquets, des qualités particulières de nez, de vitesse modérée et de discrétion sur la voie…on « retombera », pour les besoins de cette sélection, sur les races déjà amplement citées des grands limiers dont je ne vois véritablement que deux représentants le Fila Brasileiro et le chien de Saint-Hubert (dans une certaine mesure, les deux races de chien de rouge, Hanovre et Bavière, qui pourraient, à la marge, convenir). Dans cette optique, pourquoi pas, alors, les utiliser tels qu’ils sont.


 


-   La déficience actuelle du chien de Saint-Hubert, avec peu de naissances annuelles dans notre pays et sa non utilisation à la chasse (pendant trop longtemps il n’a servi que pour « retremper » les chiens courants), nous conduit à opter autant pour lui que pour le Fila Brasileiro.


De chien de retrempe en chien de compagnie, on semble vouloir à nouveau le réutiliser à la chasse. Cependant, d’étranges comportements risquent de compromettre ce retour attendu.


Ironie de l’histoire, c’est maintenant au chien de Saint-Hubert de « bénéficier » d’une retrempe avec son cousin le Bruno Saint-Hubert. Retrempe effectuée par les chasseurs pour redonner au Saint-Hubert des qualités de chasseur qu’il a partiellement perdu du fait de son statut de chien de compagnie.


Le nombre de chien de Saint-Hubert avec un pedigree à titre initial laisse songeur…


En d’autres temps ou en d’autres lieux, c’est le Saint-Hubert qui servait (ou sert) à retremper les chiens courants pour leur donner du nez et de l’instinct… ou créer de nouvelle race. Il suffit de regarder la solution américaine avec le Majestic Tree Hound de création récente.


 


La loi Verdeille modifiée a été élaborée pour constituer des unités de gestion plus grandes.


 


  Elle était, à l’époque, ambitieuse. Cependant qu’elle n’a pas évolué pour le grand gibier et les « battues », de fait, sont trop petites. Les chiens longs (les courants) vont trop loin et les chiens courts lèvent mais ne suivent pas. Le grand gibier, que ces petits chiens n’impressionnent pas, se « recouche » un peu plus loin.


L’unité de gestion, voulue par la loi Verdeille, pour que celle-ci s’adapte aux déplacements du gibier dans son aire géographique, est, à cet égard, un échec. Le territoire du grand gibier dépasse largement le territoire d’une commune.


De ce fait, on assiste à des groupements de battues. Deux équipes de deux communes se regroupant, occasionnellement, pour effectuer des battues sur le territoire des deux communes en même temps.


L’inconvénient, c’est que l’entente est difficile à assurer et, de ce fait, ces battues regroupées ne sont qu’occasionnelles et n’ont souvent pas la pérennité requise (les ententes se défont souvent).


  Plus ennuyeux, on constate que le « territoire », l’espace du grand gibier, se confond souvent avec 4 ou 6 communes pour l’espèce sanglier.


Pour les cervidés, qui pratiquent, en montagne notamment, des transhumances du fait de la neige et du dérangement causés par les skieurs (sans parti pris sur l’utilisation de la nature, simple constat), l’aire géographique est parfois plus grande encore.


 


  On constate, aussi, pour une raison d’inimitié, des communes composées de deux battues qui se partagent, alors, à tour de rôle, le territoire communal. Le gibier constamment « bougé » a tendance à se dépayser.


  Dans cette optique, les chiens longs (courants traditionnels) ne sont plus totalement adaptés même si leur récris, leur « musique », est indissociable de la battue pour les postés.


Les appareils de détection, qui permettent de localiser le chien après la battue, pour le retrouver, n’ont qu’une utilité relative.


La plupart des chiens courants se « remettent » sur un autre gibier et cela peut durer plusieurs jours et le piqueur (le rabatteur) doit être disponible pour courir la montagne, s’approchant du chien qui s’éloigne à nouveau, pour, à l’issue d’une course folle, finir par le récupérer. Il a le chien à 300mètres d’après son instrument, mais celui-ci va plus vite que lui, ne s’arrête pas, reprend un gibier et ainsi de suite.


Le chien court ne suit pas le gibier levé et, à la fin de la battue, le gibier, qui s’est entre-temps recouché, n’a toujours pas atteint un poste…. Ce type de chien ne se perd pas et rentre avec le piqueur en fin de battue. Mais a-t-il été utile ? Sauf pour le piqueur qui, connaissant les remises, y met son terrier pour faire sortir le sanglier et le tirer en oubliant les chasseurs postés.


 



 

La non évolution des races de chiens de chassse

Les raisons tenant à la non évolution des races de chiens de chasse (standard, lof, peu de création de races nouvelles depuis).


 


  Lorsque les races furent créées par croisements, en fonction de l’utilité, et, plus encore, sont fixées par des standards, on assiste à peu de création de races nouvelles et, malheureusement, à la disparition de certaines races.


  La diversité s’exprimant, maintenant, presque exclusivement, à l’intérieur des races.


  Or, cette diversité peut être mise à mal par les standards (leur évolution ou leurs interprétations).


  Lorsqu’un standard évolue, c’est souvent, non pour maintenir une sélection ou fixer des types en tenant compte de l’amélioration, mais en « constatant » l’évolution du cheptel. 


Si cette évolution est contraire à la race mais devient la pratique commune, on entérine.


Pourquoi, à partir du moment ou un standard existe et est satisfaisant voudrait t-on sans cesse le changer. La race du Fila Brasileiro n’a pas été re sélectionné à partir de quelques spécimens comme le Mâtin Napolitain. L’amélioration d’un standard doit, dans notre cas, se réduire à préciser les points essentiels, non les changer. Surtout essayons d’avoir un chien utilitaire avant que de s’occuper d’autres choses. Le Fila ne gagne pas, pour l’instant, il perd ce pour quoi il a été conçu : un auxiliaire de l’homme au multiples utilités.


Car, lorsqu’on parle d’amélioration d’un cheptel et que l’on modifie un standard, c’est rarement pour améliorer le chien. C’est pour « améliorer » l’aspect extérieur de celui-ci, sa « beauté ». On oublie que la beauté, c’est « le cadeau gratuit offert à l’utile ».


Il s’agit d’un chien non d’une sculpture. Lors de certains jugements, j’ai été frappé par le fait que des défauts, que l’on aurait dû sanctionner, ne le sont pas au profit de certaines qualités que l’on juge comme pouvant « gommer » ces défauts. Que dire d’un chien qui est jugé meilleur grâce à sa masse ou à son expression ou à sa couleur de robe et qui ne marche que difficilement. On peut se demander : « où est le chien »…


  Avant tout un chien doit savoir marcher, courir et ne pas avoir de défaut de construction. Et l’on sait tous qu’alourdir un chien ou en cherchant à trop augmenter l’ossature, on rencontre plus souvent ces défauts de mobilité. Comme l’on sait que lorsqu’on cherche à raccourcir les museaux, nous avons des soucis de dentition. Cherchons d’abord des chiens bien dans le standard, sans défauts de base, la beauté venant après.


 


  Il s’agit de regarder les races anciennes de chien de chasse parfaitement fixées. Qui n’a pas vu d’anciennes photos de spécimens en se disant : « il faudrait peut-être un certain retour en arrière ». Une autre question pourrait faire débat : « faut-il rechercher l’homogénéité d’une race ou, au contraire, accepter des variations ? ».


Autrement dit, pour la « santé » d’une race, et en particulier celles aux multiples utilisations, faut-il avoir un standard strict, très précis, dans lequel fondre tous les chiens (sorte de clonage, vers la perfection d’un seul type) ou, au contraire, accepter des variations en fonction des utilisations. Cela ne voulant pas dire «faire un autre chien ».


 


  Parfois, le standard évolue en fonction d’une « vision » du chien qui ne correspond pas au type constaté. On module, on façonne, on recherche des proportions… comme Praxitèle.


Partons de l’exemple du Fila Brasileiro, le classement FCI  dit : « molossoïde » type dogue, comme il s’en écarte par des aspects non négligeables, qui en font sa particularité et qui sont dus aux divers emplois de ce chien, on aura comme tendance naturelle à vouloir :


-- l’alourdir;


--  le rendre plus massif (corps plus carré, poitrine plus profonde, plus large, ossature plus importante) ;


-- lui préférer les oreilles moins longues, moins grandes et implantées plus hautes;


-- accepter un stop trop marqué ;


-- homogénéiser la taille vers le bas (avec une taille maximale qui pourrait interdire à la reproduction, en France, du fait de l’examen de confirmation, des chiens parfaitement proportionnés qui serait un peu trop grand);


-- vouloir une tête très massive ;


-- préférer les museaux plus courts (confer le passage du rapport crâne/museau de 1/1 à museau un peu plus court ou sensiblement plus court que le crâne).


 


 


  Les variations en taille, par exemple, ou en volume, que pourrait justifier une utilisation reconnue dans le standard lui-même semblent souvent ignorées.


On oublie que la morphologie d’un chien n’est que la conséquence des utilisations que l’on recherchait. Il faut des juges de grande qualité pour « interpréter » le standard en tenant compte de cela, sans pénaliser un chien sous prétexte qu’il n’a pas le volume ou le museau en accord avec l’effet de mode ou la moyenne du cheptel.


  Or, toutes les races sont atteintes par cette mode de l’hyper type, du visible, au détriment de l’utilité.


  Or, à un moment donné l’utilité a donné une morphologie à une race de chien.


Les variations dans le type ont atteint les races ayant plusieurs fonctions.


 


  Soit, je veux un limier calme sur la voie avec un grand flair, proche du maître qui ne soit ni agressif ni peureux face à des gibiers de forte taille et dangereux.


Je vais rechercher des chiens avec un grand crâne et une grande truffe pour avoir un grand flair. Parmi ces chiens, je prendrai ceux qui sont proches du maître, à son écoute, qui ont un caractère ferme et pondéré à la fois. S’il a une grande tête, il lui faut aussi des grandes oreilles tombantes presque jusqu’au nez pour capter les odeurs (il y a l’effet cloche, les odeurs étant « emprisonnées » entre les oreilles pendantes que l’on humidifie avec la truffe quand la voie est très sèche et difficile, pour aider le chien). Il faudra qu’il est une taille en rapport avec la taille de la tête…Il faut que, malgré cette taille, il ait une certaine agilité, une résistance importante… qu’il soit capable de défendre le maître si l’animal poursuivi venait à être dangereux…à l’époque où il n’y avait pas d’arme à feu…Puis ce chien, en dehors de la chasse, si l’on veut qu’il garde le bétail ou le protège, il est nécessaire qu’il puisse (comme beaucoup de chiens de troupeaux) aller à l’amble.


Ce pas ou cette allure est importante, elle permet au chien et de s’économiser et d’aller plus vite que le pas « ordinaire ». Pour un chien lourd, l’amble est le pas de prédilection. Le chameau, l’éléphant, le lion marchent à l’amble (vont à l’amble). Cette allure souvent refusée en cynophilie (l’amble est le pas de l’homme) est admise pour les chiens de troupeaux et est admise, tolérée pour le Mâtin de Naples. A titre anecdotique, j’avais une mâtine, de plus de 85kg pour 70 cm au garrot, qui allait à l’amble derrière mon vélo, à travers bois, pendant 2 heures sans fatiguer (soit, pas loin de 16 à 20 km). Le mâle qui n’allait pas à l’amble s’arrêtait en chemin, nous attendait, pour revenir avec nous.


  Bref, on sélectionnera, en vue de cette ou ces utilités, un chien ayant ces qualités qui, nécessairement, se retrouveront dans la morphologie de celui-ci.


Dans le passé, selon les besoins, on faisait évoluer les chiens.


Une époque troublée et les chiens devenaient plus lourds, plus imposants. Une période plus prospère et les fermiers cherchaient des chiens plus agiles pour servir comme bouvier. Une période où il s’agissait de chasser les animaux prédateurs ou encore de retrouver des esclaves en fuite (sans les tuer, car ils avaient de la valeur), on allégeait les chiens… et on sélectionnait le flair et l’instinct de chasse.


  Il reste, quelle que soient les variations, des caractères communs : flair, instinct de prédation, caractère ferme et sûr, agilité (relativement au poids ou au format), une méfiance….


  Le substrat est le même et que les grands aient été sélectionné à une époque ou les lourds ou les légers, ils se retrouvent tous dans le Fila actuel. D’autant que les éleveurs n’élevaient pas tous, en même temps, la même variation et qu’il y a eu des échanges.


Les différentes variations pouvant même coexister dans un même élevage ou ferme où l’on recherchait des chiens pour diverses utilités.


  Il n’y a pas de risque de « bâtardisation » que d’accepter des variations dans ce type de race et aucune raison de pénaliser le chien de travail au profit de celui d’exposition.


  Actuellement, en dehors des briquets de chasse (qui ne sont pas des chiens de race bien qu’ils aient, une certaine homogénéité selon les régions, en fonction du mode de chasse et de territoire), nous devons passer à la création de race (L.O.F. oblige).


Or, nous constatons que, en particulier dans notre pays, nous ne créons plus de races en fonction de l’évolution de l’utilisation.


  Aux Etats unis, les chasseurs (les créations de races, à l’origine, viennent essentiellement d’eux, même les dogues) créent de nouvelles races en fonction des chasses spécifiques.


 


  En France, on constate que les chiens utilisés ne correspondent plus à nos modes de chasse.


Certes, l’on tente, hors L.O.F, de créer des briquets en croisant des races connues ou des spécimens disponibles.


Cependant que, pour la plupart des chasseurs, ayant eu l’habitude de chasser avec des chiens de petite taille et/ou des chiens rapides, l’évidence d’un « retour » sur des races connues et délaissées ne s’impose pas encore.


  Nous observons, quand même, un retour sur le chien de Saint-Hubert. Comme il est devenu très difficile de trouver un chien de Saint-Hubert issu de lignée de travail (car, comme de nombreuses races, il a été presque exclusivement sélectionné comme chien de compagnie et ne servait plus que pour la retrempe des autres chiens courants), pour l’heure, les chasseurs se « tournent » vers le Bruno Saint-Hubert.


Celui-ci donnant des résultats mitigés.


  Les conditions sont réunies pour un retour des grands limiers de chasse, le croisement, afin de créer de nouvelles races devrait de toute manière « passer » par les races existantes.


Il n’y en a pas beaucoup, hormis le chien de Saint-hubert, je ne vois que le Fila Brasileiro qui corresponde (ne dit-on pas, par ailleurs, que le chien de Saint Hubert, à l’origine, ressemblait au Fila Brasileiro actuel et que ce sont les deux meilleurs flairs du monde..).


 


  Pour les battues modernes ou les nouveaux (re-nouveaux) modes de chasse, le « cahier des charges » étant : un chien pouvant se contenter d’un territoire relativement restreint, qui ait un grand flair, qui peut réaliser un ferme ; qui poursuive le gibier s’il est levé ou s’il échappe au ferme ; qui soit, justement, assez lent pour  « pousser » doucement le gibier afin qu’il puisse être tiré, au poste, dans la sécurité et l’éthique de la chasse (meilleur coup de fusil, moins d’animaux blessés).


Les chiens de ferme, les chiens de grande quête, les courants rapides, les terriers ne peuvent faire « l’affaire » en battue. Ils ne peuvent, en tout état de cause n’être qu’un apport, non un « fonds » de meute.


  A l’époque de Gaston Phoebus, déjà, les prémisses de l’évolution des chiens de chasse s’opéraient vers des chiens plus rapides pour la chasse au grand gibier (chasse à courre). Le temps de la chasse à l’épieu était révolu. Les rois de France délaissaient aussi le chien de Saint-Hubert pour la chasse. Le chien de Saint-Hubert ne servant plus que de retrempe aux chiens courants.


  Actuellement, la chasse à courre est devenue anecdotique pour la chasse au grand gibier.


  Le grand gibier est devenu la chasse la plus courue du fait de l’essor des populations de grands gibiers, des dégâts qu’ils occasionnent (payés par les chasseurs !), de la rareté du petit gibier.


  Nous assistons à un retour au mode de chasse d’avant Gaston Phoebus. Cependant que les chiens de chasse actuels sont toujours ceux dont la sélection a été initiée par le grand chasseur cité.


  


  Le grand gibier peut se chasser à l’affût et à l’approche, dans ce cas nul besoin de chien.


  La chasse aux chiens d’arrêt est aussi possible dans certains départements. Le Fila Brasileiro qui repère de loin le gibier, qui le suit, ensuite, au pied et en silence avant de faire le « ferme », serait, là aussi, très utile.


Cependant que l’explosion des dégâts dus au grand gibier impose de plus en plus la chasse en battue qui est plus efficace. Cette battue évoluant vers la poussée silencieuse.


  La loi « Verdeille » n’a atteint que partiellement son but comme nous l’avons écrit plus haut. Ce qui implique que, sur des territoires de gestion relativement restreints, on ne peut envisager de continuer à chasser exclusivement avec des chiens longs et rapides.


Ni, d’ailleurs avec des petits terriers qui ne flairent pas le gibier de loin et ne le poursuivent que rarement.